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En cette journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, nos organisations syndicales s’expriment ensemble dans la continuité de nos actions revendicatives pour défendre le Code du Travail, les retraites, les salaires, la sécurité sociale, le service public, les libertés et l’emploi.

En première ligne de lutte contre le virus, des salariés mal payés, précarisés, méprisés !

Nous saluons l’engagement des salariés et salariées qui répondent présents pour satisfaire les besoins de première nécessité, qu’ils soient dans le secteur de la santé, du médico-social, dans l’aide à domicile, la collecte et le traitement des déchets, la propreté, les grandes surfaces alimentaires, les transports, la Poste, l’Éducation, les industries et toutes les activités essentielles et vitales dans ce contexte de pandémie mondiale. Ce sont en grand nombre des salariés mal payés, à temps partiel, dans des secteurs à forte précarité, travaillant bien souvent au péril de leur santé et de leur sécurité. Et ce sont majoritairement des femmes qui se trouvent en première ligne.

Hôpitaux, EHPAD : il ne suffit pas de rendre hommage, il faut donner satisfaction aux revendications !

En poursuivant la politique de suppression de lits de ses prédécesseurs (- 150 000 lits depuis 1980, dont 4172 avec ce gouvernement), en refusant la réouverture des usines qui permettrait la production de masques, de bouteilles d’oxygènes, en n’organisant pas leur production ainsi que celle des tests et des médicaments tout de suite à grande échelle, en maintenant tous les plans mortifères contre le système de soins publics (comme l’a révélé la déclaration du directeur de l’ARS Grand Est), ce gouvernement est pleinement responsable de la situation.

Ce ne sont pas des félicitations de circonstance dont ont besoin les personnels des hôpitaux, des EHPADs… : il faut, tout de suite, des masques, des tests de dépistage, des EPI, partout ! Il faut, tout de suite, du matériel, des postes, des revalorisations salariales ! C’est ce que demandaient et demandent toujours les soignants qui sont mobilisés depuis plus d’un an et que le gouvernement n’a eu de cesse de réprimer !

Dans les EHPADs, la revendication du ratio personnels/résidents « un pour un », pourtant inscrite dans le plan Solidarité grand âge 2007 /2012, n’est toujours pas appliqué, loin s’en faut. La scandaleuse recommandation du ministère de la Santé pour empêcher la prise en charge des résidents des EHPAD à l’hôpital doit être retirée !

La « guerre » … aux droits des salariés ?

Nous dénonçons l’instauration d’un Etat d’urgence sanitaire liberticide, qui permet de nombreuses dérogations. Pour les patrons des grands groupes, tout va bien : 45 milliards d’euros d’argent frais, compensation de l’essentiel de leurs pertes, 300 milliards de prêts avec la garantie d’Etat, des contrôles réduits à presque rien.

Mais pour les salariés, public comme privé c’est la double peine : rémunérations diminuées, télétravail empiétant sur la vie familiale, congés et RTT imposés, Pour beaucoup, c’est aussi le chantage à l’emploi ou au licenciement.

La rémunération doit être maintenu à 100 % du salaire, les licenciements doivent être interdits !

Et ce serait aux salariés de payer la note ?

Les mensonges ont été nombreux : sur les masques (inutiles, puis indispensables, mais on attend toujours leur livraison à tous), sur les tests (qui seraient, comme les masques au départ, presque inutiles…), sur les primes (qui en bénéficiera vraiment, et pour quel montant, et l’égalité de traitement ?).

Les chantages aussi ont été nombreux pour forcer les salariés à revenir travailler, souvent sans l’ensemble des mesures pour préserver leur santé et de leur sécurité. Nous demandons toujours la définition, urgente, du périmètre des « activités essentielles, le respect du (des) droit de retrait. L’application de l’ensemble des mesures préconisées par les autorités scientifiques, la réunion préalable et la consultation des CSE et CSST, une possibilité élargie de saisine de l’inspection du travail, de la médecine du travail, notamment pour les petites entreprises, comme préalables à tout reprise d’activité.

Selon le président du MEDEF, « il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise ».

Ce n’est pas aux salariés de payer la note. Nos organisations syndicales s’opposent à l’organisation de la « reprise » telle que voulue par le MEDEF et le gouvernement !

Le « jour d’après », au contraire, doit être le moment de satisfaire les revendications concernant la santé, la justice fiscale et sociale.et dans l’immédiat par l’interdiction de distribuer des dividendes. Il faut et faudra que les forces sociales que nous représentons soient enfin entendues pour sortir du néolibéralisme qui nous a conduit à un tel marasme, pour que se construise un futur, social, démocratique, écologique, une société d’égalité et de solidarité, en rupture avec les politiques menées par ce gouvernement, ses prédécesseurs et l’Union Européenne.

L’école n’est pas une garderie, elle n’est pas au service du MEDEF !

La réouverture des écoles et établissements scolaires a été annoncée pour le 11 mai par ce gouvernement, en opposition avec l’avis du conseil scientifique. Il s’agit là d’abord de permettre le redémarrage de l’économie. Or, comme l’ont déclaré de nombreux scientifiques, cette mesure entraînerait le redémarrage … de l’épidémie. Les recommandations de l’OMS pour le dépistage systématique sont claires ; il faut donc mettre en œuvre l’avis du CHST ministériel de l’Éducation Nationale demandant, notamment, « un dépistage généralisé aux personnels et aux élèves comme préalable à toute reprise d’activité ». Il est en de même dans tous les secteurs d’activité accueillant un public nombreux.

Pas de garanties sur la santé, pas de garanties sur les droits des salariés : pas de « reprise » !

Dans cette période de confinement indispensable pour freiner la propagation de l’épidémie, nous déplorons la reprise à marche forcée d’activités non essentielles. Nous demandons les réunions des CSST que les employeurs refusent souvent de réunir, et revendiquons le rétablissement des CHSCT supprimés par la « loi Travail ». Nous revendiquons l’élargissement au-delà des personnels de la santé, à tous les salariés exposés, de la reconnaissance automatique en maladie professionnelle du COVID-19.

Les revendications doivent être satisfaites et nous ne permettrons pas que la « reprise » se fasse au prix du sacrifice de la santé ou des droits des salariés.

Il ne suffit pas de « suspendre », il faut retirer et abroger !

La suspension des réformes en cours n’est pas suffisante, il faut les retirer : en tout premier lieu la réforme des retraites mais aussi la réforme de l’assurance chômage, celle de la transformation de la fonction publique, ainsi que la réforme « ma santé 2022 », les ordonnances affaiblissant les garanties collectives des salariés.

Nous soutenons tous celles et ceux qui partout sont en ce moment se battent pour défendre leurs droits.

Nous sommes et seront au côté de tous ceux qui par la grève, par l’exercice du droit d’alerte et du droit de retrait, par l’action revendicative entendent défendre leur santé, leur sécurité, le droit à de meilleurs salaires et conditions de travail.

Ensemble, préparons le Jour d’Après, avec un même mot d’ordre : « Plus jamais ça !

Agissons pour un monde de justice sociale, d’égalité effective des droits hommes-femmes, vivable pour tous.

C’est ce que nous redirons le premier mai, journée internationale de solidarité de tous les travailleuses et travailleurs. Ce jour-là, nos revendications ne resteront pas confinées !


Le communiqué national


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Alors que le monde entier fait face à la pandémie, ce premier mai sera plus que jamais la journée internationale de luttes des travailleuses et travailleurs.

Depuis le début de la crise sanitaire, des millions de personnes sont confinées. De nombreux pays vivent grâce aux oublié-es, aux invisibles de nos sociétés, qui continuent à travailler, le plus souvent au risque de leur propre vie.

Évidemment ce sont d’abord l’ensemble des personnels de santé qui n’ont pas comptées leurs heures, leur dévouement. Ensuite il y a tous les salarié-es, souvent des femmes, du commerce, de l’agro-alimentaire, du paramédical du social, du nettoiement…, ainsi que tous-tes ces agent-es de la fonction publique qui ont continué d’assurer leurs missions de service publics, et plus largement ceux et celles qui travaillent au service de la population.

Les paroles de reconnaissance des gouvernements n’ont pas été suivies d’actes forts. Les mots sont évidemment insuffisants pour exprimer notre colère, et notre détermination à faire changer les choses. Nous porterons ce 1er mai 2020, bien que confiné-es, les revendications qui sont plus que jamais d’actualité :

Car sacrifier la santé des travailleurs-ses n’est pas admissible :

Si la « reprise » de la vie sociale, dont le travail fait partie, est une espérance, une nécessité pour beaucoup d’entre nous, (et pour d’autres plus pour remettre leur profit à l’ordre du jour), cela ne peut se faire sans la garantie la plus absolue de la sécurité de chacun, chacune, ainsi que celle de ses enfants. La santé, la sécurité, le droit de retrait, de grève, le droit syndical doivent être respectés !!

Car sacrifier les droits des travailleuses-eurs sur l’autel de l’économie n’est pas tolérable et ne pourra continuer quelle que soit la situation :

Des semaines à 60 heures de travail, la perte des congés, des jours de repos, le travail dominical étendu, les abus sur le télétravail ne sont pas légitimes et ne peuvent durer ! Ce n’est pas une prime donnée au bon vouloir du patron, ou de l’employeur public, une aide ponctuelle aux plus modestes qui suffiront aux travailleurs-euses : ce sont de vraies revalorisations salariales du SMIC et des salaires en particulier dans les conventions collectives où ils sont les plus bas, tout comme dans la fonction publique !

Sacrifier les plus précaires d’entre nous n’est pas admissible dans une société d’égalité et de solidarité :

Vacataires, intérimaires, intermittent-es, services civiques, la précarisation des travailleur-euses s’est multipliée ces dernières années, et la situation des chômeur-euses et étudiant-es a été dégradée, tout comme celle des sans-papiers aujourd’hui ignoré-es sur le plan sanitaire comme social.

Elles et ils payent le prix fort de la situation, et les inégalités sociales explosent. Le manque d’investissement au niveau de la santé, la réforme de l’assurance chômage, le projet de réforme de la retraite pas points, mettent à mal la protection sociale, laquelle est un socle protecteur.

De plus, le développement des services publics est nécessaire et indispensable pour assurer l’égalité et répondre aux besoins de la population. De nombreuses aides sont prévues pour les entreprises, alors que pour ceux et celles qui sont dans les situations difficiles, elles restent mineures. Il faut permettre la suspension des loyers et des dépenses de toute l’énergie, une aide pour l’accès à internet et aux transports, car nous savons que si la crise sanitaire peut régresser, la situation économique et sociale va continuer à faire des dégâts.

Cette situation inédite, qui peut malheureusement perdurer et/ou continuer, a remis en lumière l’essentiel : Un hôpital et un système de santé publique avec de vrais moyens humains, matériels, financiers, un système de protection sociale large tout au long de la vie, des services publics qui ne sont pas sacrifiés par des politiques de restructurations, suppressions au bénéfice des appétits de ceux qui prospèrent dans ce système capitaliste !

Le 1er mai doit permettre à chacun et chacune de s’emparer de ces revendications, et par tous les moyens de les rendre visibles.

Même confiné-es, manifestons toutes et tous le 1er mai, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux(…) et donnons à cette journée une véritable force collective !

Le 1er mai, soyons visibles, solidaires, déterminées. Nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d’un système capitaliste mortifère.

Transformons le monde de demain en un monde vivable, de justice sociale, écologiste et féministe !

Montreuil, le 20 avril 2020