L’enquête PISA publiée aujourd’hui montre des résultats français stables et dans la moyenne des pays concernés, mais à nouveau une montée des inégalités sociales face à l’école.
Sur ce classement international dont les limites sont évidentes, des précautions sont de mise : les systèmes éducatifs fonctionnent différemment selon les pays, PISA n’évalue pas tout, et l’objectif du système français n’est pas de « réussir à PISA ».
Alors quels enseignements en tirer pour la France ?
Il est intéressant de regarder ce que nous dit PISA depuis la première enquête de 2000. La principale caractéristique française se situe dans l’importance des inégalités entre les jeunes devant la réussite scolaire. Ces inégalités (scolaires mais aussi de genre et ethniques) sont fortement corrélées aux inégalités sociales. L’école reproduit donc en son sein les inégalités sociales qui marquent notre société, sans parvenir à les surmonter.
PISA éclaire donc une situation que nous connaissons bien et qui se traduit par un nombre important d’élèves en difficulté tout au long de leur parcours scolaire et par un nombre élevé de sorties sans qualification.
Ce constat renforce la détermination de la FSU à agir pour une réelle transformation du système éducatif. Après des années de destructions (suppression de postes, de la formation des enseignants,…) et de dégradations en profondeur des missions et des conditions de travail (stigmatisation des enseignants, prescriptions et pilotage du système éducatif par la performance), qui ont aggravé les inégalités scolaires, il est grand temps de reconstruire le service public de l’éducation pour permettre une réelle démocratisation de l’école.
Pour cela, la FSU réaffirme tout d’abord son ambition d’une exigence identique pour tous les jeunes. C’est un enjeu majeur des discussions qui s’ouvrent sur la rénovation des programmes et sur l’éducation prioritaire : les contenus, exigeants et mobilisateurs, doivent s’adresser à tous, y compris au sein de l’éducation prioritaire qui ne constitue pas une école « à part ». L’école doit être pensée en priorité pour les jeunes qui en sont le plus éloignés, celles et ceux qui n’ont qu’elle pour apprendre. Il s’agit d’assurer vraiment la réussite de tous, à tous les niveaux, de l’école maternelle à l’enseignement supérieur. Cela passe par un système scolaire commun, le plus inclusif possible et sur le plus long parcours possible. La FSU réaffirme qu’une politique ambitieuse de discrimination positive, par son effet compensatoire, doit permettre aux plus démunis de réussir dans le cursus scolaire commun. Alors que les inégalités se creusent, et que les difficultés sociales sont immenses, il ne serait donc pas pertinent de réduire la surface de l’éducation prioritaire.
Alors que s’ouvrent les chantiers sur les métiers de l’éducation, la FSU redit avec force qu’il faut redonner à tous les personnels la capacité et les moyens de faire mieux leurs métiers. L’école doit jouer son rôle d’amortisseur des inégalités et être en mesure de rétablir la justice dans les destins scolaires des élèves. Il s’agit de permettre aux enseignants de pouvoir réellement agir dans la classe, car c’est là que se joue l’essentiel des apprentissages, et à tous les personnels de mieux accompagner les élèves dans leur parcours scolaire.
Formation initiale et continue, reconnaissance du « travail invisible », développement du travail en équipes pluri-professionnelles, retour sur l’autonomie des établissements au bénéfice d’une autonomie pédagogique des équipes, questions d’effectifs, de temps, de programmes et de pratiques professionnelles… tout doit être traité et déboucher sur des mesures concrètes qui ne doivent pas faire l’impasse sur la revalorisation des métiers de l’éducation nationale et l’amélioration des conditions de travail.
Cette reconquête du système éducatif doit se faire avec les personnels car aucune transformation du système éducatif n’est possible sans eux, sans la reconnaissance de leur métier et de leur travail.
Pour permettre ces améliorations urgentes et indispensables, des moyens sont nécessaires partout, et en priorité là où ils sont notoirement insuffisants. Un investissement qui doit concrétiser la priorité à la jeunesse décidée par le gouvernement. Un investissement d’avenir aussi pour notre société. L’élévation du niveau de qualification reste une des conditions indispensables pour faire face à la crise et aborder les mutations économiques et culturelles à venir.