Communiqué de presse de la FSU Vendée – 8 février 2024

La Vendée : terre de dualisme scolaire

À l’heure où la Ministre de l’Education Nationale révèle à la face de notre profession et du pays tout entier les choix qui sont les siens, notre pays se confronte à la mauvaise foi qu’une grande partie de nos élites assume en toute conscience.

Vu du seul département de France où l’enseignement catholique reste majoritaire, la polémique actuelle laisse les enseignant·es de l’École publique vendéenne dubitatifs·ves. Découvririons-nous en 2024 les conséquences de l’influence des écoles privées sur notre territoire ?

Bien sûr, l’école catholique en Vendée hérite d’une longue Histoire bien entretenue et souvent revisitée par les élites politiques que sont les De Villiers ou autre Retailleau. Bien sûr l’église catholique, en perte de vitesse, ici comme ailleurs, préserve tant bien que mal l’identité de ses écoles dans l’espoir d’un renouveau du catholicisme. Il reste donc une base réelle de familles faisant le choix de l’école catholique par conviction religieuse.

Il existe une autre partie qui, par tradition familiale ou par absence d’école publique sur leur commune, se rend dans ce réseau scolaire sans trop se poser de questions. Évidemment, la Direction des Écoles Catholiques travaille son image et ses réseaux auprès d’élu·es souvent complices. Le Président du Conseil Départemental n’est-il pas ancien enseignant au lycée Jeanne d’Arc de Montaigu et ancien directeur du collège St Sauveur à Rocheservière ? La Présidente de l’Association des Maires de Vendée n’était-elle pas Présidente de l’Organisme de Gestion de l’École Catholique de son village ? Ainsi, tout un réseau se tisse pour faire de l’école catholique l’école de la réussite et des « élites ».

Les conséquences sont factuelles. La moitié des élèves de l’école primaire se trouve dans les écoles catholiques (50,4%). Quelle moitié ? Celle qui a des convictions religieuses ? Celle qui s’y rend par tradition ? Celle qui n’a pas le choix ? De moins en moins… Ici comme ailleurs se fait le tri social, silencieusement mais assurément. Ici comme ailleurs l’idée du service public qui n’aurait plus les moyens de faire réussir les élèves est en marche.

D’ailleurs, que fait l’Éducation Nationale ? Elle accepte le fait que des élèves se trouvent obligé·es de se rendre dans un établissement à caractère religieux parce qu’il n’existe pas de solution dans un établissement public pour une filière professionnelle, pour une option, pour une classe spécialisée… Les moyens octroyés ne viennent pas compenser les différences sociales évidentes. Comme l’a d’ailleurs dit le Président de la République lui-même : les deux secteurs sont complémentaires…

Quand Monsieur Retailleau parle des « Français du Haut » qui ont les moyens de mettre leurs enfants dans des écoles privées, et des autres « [qui] n’ont pas les moyens d’inscrire leurs enfants dans de bonnes écoles… » [France Inter le 25 janvier 2024], il reconnaît la volonté de cette classe sociale, partageant la même idéologie que lui sur l’École, de ne pas vivre la même réalité que les autres. Est-ce à dire qu’une école publique serait une mauvaise école ? En est-il différemment dans son département ? Non. La stratégie d’éviction qu’il évoque reste la même. Le tri des classes sociales s’effectue de la même façon et pour les mêmes raisons. Certes avec une puissance financière moindre mais avec les mêmes convictions idéologiques et le doux rêve que tout ira mieux pour elles et eux. Affaiblir les services publics pour répondre aux besoins toujours plus voraces des libéraux reste une conviction partagée des LR et du gouvernement en place. Ces politiques, identiques à celles menées dans le milieu agricole, n’apportent pas de réponse aux besoins de l’ensemble de la population.

Nous nous refusons à ces idées.

En Vendée, l’idée de la République n’a pas été une évidence. Elle a eu du mal à s‘y installer alors qu’elle était de l’intérêt de tou·tes ces paysan·nes au service de la noblesse. Est-ce que cette noblesse de 1793 prendrait sa revanche en attaquant une nouvelle fois les bases de notre République ? Nous rappelons ici l’article 1er de notre constitution : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. »

C’est bien sur cette base que les personnels de l’éducation nationale sont engagé·es au quotidien pour faire réussir tou·tes les élèves. C’est bien sur cette base que les fonctionnaires que nous sommes travaillent sans relâche au service de toutes les populations. Ils et elles semblent cependant être isolé·es pour mener leurs tâches à bien.

Il est grand temps que les politiques se réveillent dans l’intérêt de notre pays.