Délégation FSU : I. Sablé-Leroux (SNUipp-FSU), I. Martin (SNES-FSU), M. David et MF Le Marec (SNESUP-FSU), Bernard Valin (FSU Pays de la Loire)
Le recteur était entouré de C. Réhel, Doyen des IPR, M. Heichette, Directeur de l’IUFM, M. Bernoussi, VP CEVU de l’Université de Nantes
École Supérieure du Professorat et de l’Education : Les difficultés à anticiper pour la formation initiale et continue.
La FSU Pays de la Loire a été reçue en audience par le recteur le jeudi 4 juillet avec comme objectifs d’avoir des réponses concernant la mise en place de l’ESPE, les formations proposées pour les étudiant-e-s
en master 1 et 2, la formation continue, le tutorat.
Il convient de rappeler que le projet d’ESPÉ formalisé dans le dossier d’accréditation s’est construit de manière laborieuse, lente, en dehors de la participation des forces vives de l’IUFM et des représentants des personnels. Cependant l’expression vigoureuse de la FSU et des Intersyndicales dans leurs instances (notamment le Conseil d’école et le Conseil d’administration de l’Université de Nantes) et sur le terrain par les temps d’information et de réflexion avec l’ensemble du personnel de l’IUFM, ont permis de faire évoluer certains points qui paraissaient problématiques (statut des personnels, contenu de formation…). D’autres le sont toujours.
La FSU a rappelé son opposition à la mise en place forcée des ESPÉ. La réforme ne répond pas aux besoins d’une formation initiale de qualité. La charge de travail imposée aux étudiant-e-s est trop
importante pour permettre une réelle formation universitaire et professionnelle de niveau master, répondant aux exigences du métier. L’année de master 1 risque d’être polarisée par le concours et celle de
master 2, pour les professeurs-stagiaires à mi-temps en responsabilité dans les classes, sera dominée par l’enjeu de la titularisation. Le temps de la mise à distance, de la réflexion critique, de l’analyse, de l’ouverture à la recherche sera difficile à trouver !
Plusieurs questions ont donc été soulevées lors de cette audience :
Mise en œuvre de la formation par alternance dans le Premier degré
Les réponses du rectorat ont permis de préciser les engagements pris :
- Les sites de formation Premier degré sont maintenus au moins pour cinq ans dans toute l’académie (durée de l’accréditation de l’ESPE »). C’était une revendication forte de la FSU de voir l’équité de traitement sur tout le territoire respectée.
- Le nombre d’étudiant-e-s et de stagiaires entraîne une demande en hausse de tuteurs et formateurs. Nous avons eu la garantie que seuls les PEIMF, les Maîtres d’Accueil Temporaire et les CPC seraient les tuteurs. En aucun cas, il sera fait appel aux directrices-teurs d’école ou aux adjoints. Ce point avait été soulevé lors du Comité Technique Académique par la délégation FSU.
Par contre, des questions sont restées sans réponse :
- Le dossier d’accréditation de l’ESPE indique que les formateurs de terrain (PEIMF, MAT, CPC) doivent rencontrer les formateurs universitaires, ce qui implique des temps de décharge
supplémentaires. La FSU a demandé quel temps serait proposé et là, pas de réponse car on touche aux moyens et les DASEN n’ont pas encore réfléchi aux remplacements. - Pas de réponse non plus sur la formation continue alors que les lieux de stage pour la pratique sont multipliés. Là encore, les DASEN doivent apporter des réponses … Il serait dommage de ne pas
profiter de l’ESPÉ pour relancer une réelle formation continue répondant aux besoins et attentes des personnels et non à des injonctions ministérielle ou départementale.
Mise en œuvre de la formation par alternance dans le second degré :
Nous avons fait état de notre inquiétude quant aux conditions de l’alternance pour les étudiants à la rentrée prochaine (besoins importants en stages et tuteurs dès la rentrée, localisation permettant la conciliation avec les études, liens à reconstruire entre enseignants de l’ESPÉ et CPT, moyens en décharge pour les
enseignants intervenant en master, un cahier des charges plus contraignant qu’adapté aux besoins de la formation qui devraient être définis au plus près des acteurs impliqués.
Au-delà du contenu actuel de l’accréditation de l’ESPÉ et de son cahier des charges prévisionnel, l’entrée en vigueur des réformes statutaires plaçant le concours au niveau M1 posera de façon générale, la question, sans réponse à l’heure actuelle, du cadrage national des dispositifs de formation par les deux ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur (prévu par l’article L. 625-1 du code de
l’éducation), ainsi que de la fixation conjointe par les ministres de l’éducation et… de la fonction publique, pour les lauréats des concours, des modalités de leur stage comme de son évaluation…
Les réponses obtenues :
Le rectorat se charge de définir en temps utile les lieux de stage nécessaires pour tous les étudiants de master 1 MEEF (trois périodes « massées » : du 14 octobre au 19 octobre 2013, du 25 novembre au 7 décembre 2013, du 31 mars au 14 avril 2014), les étudiants contractuels 6h de master 2 et les professeurs stagiaires.
Les lieux de stages seraient situés dans les « grandes métropoles universitaires » pour les étudiants : Nantes, Angers, Le Mans.
Les liens entre tuteurs et enseignants de l’ESPÉ se feront pour partie en présentiel mais aussi à distance via une plate-forme collaborative. Des lignes budgétaires sont prévues dans le dossier
d’accréditation pour la formation des CPT.
A la question de la nécessité impérieuse d’une intégration à la formation continue de la formation des multiples tuteurs requis (pour les stages de M1, pour les stagiaires de cette rentrée, pour les
futurs stagiaires de M2 employés à mi-temps dans les établissements, pour les titulaires du concours réservé, ainsi que pour les EAP recrutés par les EPLE…), la réponse apportée reste très imprécise, car le dispositif à mettre en place repose sur des « moyens constants », au sein desquels il y aura lieu de définir des « priorités » (M. Réhel)…
La désignation particulière des tuteurs d’EAP est renvoyée par le rectorat… aux établissements, les corps d’inspection se centrant sur le « choix » des autres tuteurs…
S’agissant des lauréats des concours et examens professionnels réservés, dont le recteur est allé jusqu’à estimer que certains pourraient déjà être en capacité d’être tuteurs eux-mêmes ( !), leur
formation échappera pour l’essentiel à l’ESPÉ, car elle sera fonction des seuls « besoins » individuels identifiés (ceux de cette première session seront tous reçus préalablement par les corps
d’inspection le 4 septembre prochain).
Le document « Charte des stages », élaboré notamment avec les chefs d’établissement, a vocation à fixer le cadre des interventions des différents acteurs (étudiant, tuteur, établissement, ESPÉ).
La lisibilité des parcours de formation
Nous avons rappelé que pour des raisons de lisibilité de l’offre de formation dans le domaine de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, il semblait nécessaire que tous les étudiants soient
inscrits à l’ESPÉ, Ecole régionale, et non dans les différentes composantes universitaires.
D’autre part, nous avons demandé le respect des choix étudiants (dans la limite de leurs résultats en formation universitaire) afin d’éviter les réorientations précoces ou forcées (pour non réussite immédiate aux concours). Nous savons d’expérience que les lauréats se sont présentés majoritairement au moins deux fois au concours, il s’agit donc de ne pas créer des obstacles nouveaux à l’entrée dans le métier…
Nous avons également posé la question de la nécessaire prise en charge par l’employeur des droits universitaires demandés aux futurs professeurs et CPE stagiaires devant valider leur M2 spécialisé dans le
cadre de leur titularisation.
Les réponses obtenues :
Les étudiants seront inscrits dans l’une des trois universités et dans leur composante. L’ESPÉ est accréditée au titre des 3 universités et ne constitue pas une 4ème université. La notion « d’inscription pédagogique » parallèle à l’ESPÉ resterait à travailler, selon M. Heichette. M. Bernoussi précise qu’un portail inter-universitaire sera mis en place en septembre 2014 pour le suivi des étudiants par l’ESPÉ.
Si la question de la prise charge par l’employeur des droits d’inscription des futurs stagiaires est clairement éludée à ce stade, ceux reçus au concours dans la continuité de l’obtention de leur M1
ne seront pas considérés comme en « reprise d’études » (sic, dans la réponse de M. Bernoussi), dont on sait l’impact sur le coût des droits alors imposés… mais la question reste entière dans tous les autres cas de figure, et est renvoyée à une concertation entre universités concernées…
Il n’y aura pas de réorientation imposée aux étudiants non admis aux concours et qui souhaitent poursuivre en M2 MEEF leur parcours (après avoir validé leur M1 dans les conditions requises).
La question du pilotage de l’ESPÉ
Nous sommes intervenus sur la question du pilotage de l’ESPÉ en rappelant que doter l’ESPÉ d’un projet ambitieux, c’est penser son pilotage en ne se rabattant ni sur les objectifs à court terme de « préparer des flux d’enseignants de l’EN » tels que le ministère de l’EN a la responsabilité de l’organiser, ni sur les « savoir-faire » de l’ex IUFM en matière d’adaptation rapide aux seuls besoins institutionnels. Il s’agit, pour la FSU, de penser, au sein de l’université de Nantes et de ses universités partenaires, l’Ecole Supérieure qui développera :
la recherche en éducation,
les formations de haut niveau pour les acteurs de demain dans tous les secteurs enseignement / éducation / formation,
qui construira les liens avec les acteurs locaux, régionaux pour répondre au mieux aux besoins de la formation en amont, aux besoins des débouchés en aval,
qui respectera l’ensemble des contributeurs, et développera les synergies utiles.
Pour ce faire, son pilotage ne devrait pas échoir, après la transition opérée en qualité de directeur administratif provisoire par M. Heichette, et à nos yeux, à un membre des corps d’Inspection. Nous avons également rappelé notre souhait que les instances de l’IUFM puissent être associées, dans l’immédiat, aux réflexions sur ces questions aussi longtemps que les nouvelles instances de l’ESPÉ ne sont pas en place, et posé la question de la représentation, à rétablir utilement cette fois, de ses usagers.
Réponse obtenue :
En ouvrant l’audience, le recteur a rappelé que l’ESPÉ est une composante universitaire autonome, que le recteur n’a plus de position particulière dans l’IUFM depuis 2005. Il a juste été
chargé de coordonner le projet de l’ESPÉ.
Pour les deux ministres (Education nationale et Enseignement Supérieur), l’ESPÉ, ce n’est pas l’IUFM. C’est un modèle différent qui est souhaité.
La conclusion est la suivante : comme pour les rythmes scolaires dans le premier degré, la mise en place des ESPÉ s’est faite dans la précipitation. Jusqu’au 2 juillet, aucune université de l’académie n’avait voté favorablement la création du nouveau centre de formation. La FSU sera vigilante à cette installation et saura, aux côtés des syndicats étudiants, rappeler à la présidence de l’Université et au rectorat ses revendications concernant les formations initiale et continue, leur prise en charge financière par l’employeur public, et le maintien nécessaire de leur lien avec la recherche en éducation, qui ne se résume pas, contrairement à ce que nous avons entendu, à la seule question de la production ou non de « mémoires » par les usagers…