Comme nous avons pu le faire lors du CTA du lundi 7 novembre, nous débuterons notre déclaration en évoquant les événements dramatiques qui ont ensanglanté l’été, à Nice ou à Saint Étienne du Rouvray. Pour ne pas oublier l’émotion, la profonde tristesse et la colère provoquées par de tels actes de violence, il nous faut inlassablement rappeler notre détermination à défendre, contre toutes les barbaries, la solidarité, la fraternité et la liberté. De nouvelles mesures de sécurité ont été prises pour les établissements et les écoles à cette rentrée. La FSU rappelle son attachement à l’implication des personnels dans l’élaboration des règles de fonctionnement qui les concernent au premier chef et qu’ils sont chargés de mettre en œuvre. Tout doit être fait pour limiter les effets anxiogènes des mesures qui, si elles sont prises pour la sécurité de tous, doivent néanmoins respecter les personnels, leurs missions et a fortiori leur propre sécurité. La vigilance éducative doit être partagée, la sécurité renforcée et adaptée mais toujours mise en œuvre dans une perspective éducative. Le développement d’un esprit de solidarité et de prévention, le renforcement de la formation et des moyens en personnels éducatif et d’accueil, l’amélioration des aménagements des abords et des espaces scolaires aussi. Les dérives sécuritaires – comme la prolongation de l’état d’urgence – ne sont en aucun cas de bonnes réponses.
Nous ne pourrons également faire l’impasse sur l’actualité internationale. L’impensable n’est plus évitable. Les valeurs d’humanisme, de tolérance, d’ouverture sur les autres portées par notre profession et défendues par de nombreuses organisations syndicales sont bousculées par un candidat aux élections présidentielles américaines porteur de propos haineux, discriminants envers certaines religions, les étrangers et envers les femmes, mettant en avant le repli sur soi, devenu Président des Etats-Unis.
N’avons-nous pas déjà en Europe (Pologne, Hongrie, Royaume Uni…) des exemples de pays dont les représentants développent le repli sur soi en instrumentalisant la colère et la peur ? Serions-nous en France si éloignés et différents ?
L’acharnement à ne rien voir, à ne pas percevoir les réalités, à nier l’intelligence des citoyens par la proclamation de ce qui est juste et bon pousse à un rejet des institutions en général.
Pourtant, nous avons des corps intermédiaires qui doivent servir de « thermomètre » de notre société. Sont-ils écoutés ? Sont-ils pris au sérieux quand leurs analyses sont communiquées ? Quand ils pointent des réformes contre-productives ?
Dans le 1er degré
Nous en venons, n’en doutez pas, aux problématiques de l’École. Nous ne faisons pas partie de ceux qui ne veulent pas voir leur métier évoluer. Il en a besoin, c’est une urgence. Des réformes étaient attendues :
la création de postes pour réamorcer la formation initiale et prendre en compte le nombre d’élèves par classe, la difficulté scolaire, l’éducation prioritaire, le remplacement, la scolarisation des plus petits…
une réforme des rythmes scolaires permettant un allègement de la journée scolaire et une meilleure organisation de l’année scolaire
une revalorisation du métier pour rendre le métier attractif
une évolution des rapports hiérarchiques prenant en compte la professionnalité des enseignants
Qu’a-t-il été fait de tout cela ? Des mesures en demi-teinte qui n’ont jamais réuni l’ensemble des organisations syndicales représentatives. Mesures qui parfois ont opposé fortement la profession et notre ministère. Cela aura été le cas en particulier pour la réforme du collège et des rythmes scolaires.
Les rythmes scolaires illustrent nos propos antérieurs. A une vraie question, la réforme des rythmes a été une mauvaise réponse mobilisant des moyens, du temps et de l’énergie qui auraient pu être utilisés des problématiques plus urgentes. La réforme était inacceptable pour des raisons mille fois exposées :
Territorialisation de l’école amplifiant les inégalités
Absence de cadrage national autorisant tout et n’importe quoi
Non prise en compte des réalités locales
Liberté à l’enseignement privé de faire ce que bon lui semble
Le résultat de cette réforme était annoncé à l’avance. Il est d’ailleurs cinglant (- 694 élèves). Jamais, dans l’histoire de notre département, nous n’aurons autant décroché en termes d’effectifs. Pour que l’Ecole publique devienne majoritaire dans notre département, il aura fallu plus de 20 ans. En 3 ans, cette conquête est anéantie. Pourquoi ? Parce que cette réforme abandonne le sens de l’école de la République. Elle ne répond pas aux besoins du service public d’éducation. Elle ne répond pas aux problématiques de fond de l’Ecole.
Maintenant, nous devons faire face à ce constat. 694 élèves en moins et 23 postes en plus. Qu’allons-nous faire de cela ? Nous avons demandé à vous rencontrer dès le mois de septembre pour partager notre analyse de la situation et faire des propositions d’orientation en termes de gestion de la carte scolaire : fin de non-recevoir. Nous ne pouvons pas rester figer en attendant une décision évidente qui sera le retrait d’un certain nombre de postes pour ajuster le P/E à ceux de l’Académie.
Nous devons faire de cette baisse des effectifs un levier qualitatif en décrochant la gestion de la carte scolaire du public de celle du privé. Les populations accueillies ne sont pas les mêmes. Toutes les études confirment que la ségrégation des élèves accroit l’inégalité des chances. Il faut donc améliorer le taux d’encadrement en prenant en compte tous les enfants de moins de 3 ans. En prenant en compte la ruralité : écoles à 2/3/4 classes, les RPI. En prenant en compte la présence de classes spécialisées dans les écoles. En prenant en compte la spécificité des publics accueillis. En prenant en compte les besoins de remplacement pour renforcer la formation. Il serait incompréhensible que vous mainteniez les seuils les plus hauts de France.
Nous devons être porteurs d’un service public de qualité et porteur d’espoir pour la réussite des enfants que nous accueillons. Nous en avons tous la responsabilité. Vous en avez l’occasion.
Dans le 2nd degré
Collège
Dans le second degré, la rentrée a été marquée par la mise en application de la réforme du collège : de nouveaux programmes sur tous les niveaux, de nouveaux enseignements qui s’ajoutent au quotidien déjà difficile de professeurs qui subissent cette charge de travail ainsi que des effectifs élevés, de nouvelles injonctions, de grandes incertitudes quant à l’évaluation de leurs élèves, des ventilations de service parfois contraignantes. Les élèves eux-mêmes pâtissent de cette situation.
Cette réforme se fait « à moyens constants », comme annoncé, puisqu’on peut observer qu’ en cette rentrée :
le H/E reste stable (1,18) comparé à celui de l’année dernière,
le nombre moyen d’élèves reste à un niveau élevé avec une moyenne de 25,2 élèves, ce qui se traduit concrètement par un nombre de divisions important qui atteignent 27 élèves et plus (près de 140 classes).
On observe même qu’à effectif constant, les DHG de certains établissements ont légèrement diminué avec les nouvelles grilles horaires en collège.
Dans ces conditions, comment offrir un véritable accompagnement personnalisé à nos élèves , comment pallier aux difficultés de nos élèves les plus en souffrance à l’école ?
Le manque de professeurs en cette rentrée se fait sentir et n’améliore pas non plus la situation de nos élèves. À l’heure qu’il est, certains postes ne sont toujours pas pourvus : 9h de mathématiques au collège Herriot, un temps plein en technologie au collège de Montaigu, 21h en Physique-Chimie au collège de Pouzauges, 18h en Physique-Chimie au collège du Couzinet etc. Où est l’égalité ? La continuité du service public d’éducation ? La Ministre préfère s’inquiéter des « remplacements à courte durée », plutôt que de trouver des solutions viables au recrutement des enseignants, annoncer des solutions pérennes qui ne viendront pas alourdir encore le service des professeurs.
Lycée
Si les effectifs en LGT sont en augmentation de 253 élèves par rapport à la rentrée 2015, on observe cependant que la baisse attendue des effectifs en 2nde a été un peu plus prononcée que ne le disait la prévision.
On observe en cette rentrée des dysfonctionnements liés aux choix de répartition des moyens qui donnent lieu à certaines dérives. Ces dérives sont en partie liées à des enveloppes horaires globales trop étriquées et à l’autonomie de plus en plus grande laissée aux établissements. N’oublions pas qu’une réglementation nationale encadre encore les statuts des enseignants et fixe une grille horaire obligatoire pour les élèves, quelque soit leur section.