L’ordre du jour de ce CTA est riche. Nous interviendrons sur les différents points pour porter nos appréciations, mais nous souhaitons, dans cette déclaration liminaire, évoquer plusieurs sujets qui constituent pour nous une part importante du bilan de cette rentrée en nous écartant un peu des aspects les plus techniques sur lesquels nous reviendrons au cours de l’examen de l’ordre du jour.
En premier lieu, nous voulons exprimer avec force l’indignation qui est la nôtre, et que nous savons partagée par la très grande majorité des personnels que nous représentons ici, face à la multiplication des attaques contre les fonctionnaires. Certes, le Président de la République a condamné les propos du ministre de l’économie qui disait ne pas savoir à quoi servait encore un statut pour les fonctionnaires. Mais cette condamnation est bien faible face à la réitération
de tels propos. Et plus que de paroles, fussent-elles réconfortantes, ce sont d’actes que les fonctionnaires ont besoin. La FSU qui mène campagne dans l’opinion publique pour la reconnaissance de la richesse que constitue la Fonction Publique pour notre pays, n’a de cesse de rappeler que son statut est le gage de sa qualité et de son indépendance. Pour lui permettre d’assumer pleinement ses missions, il faut consolider ce statut, notamment en luttant contre la précarité, en augmentant les salaires et en améliorant les conditions de travail. Autant de mesures nécessaires, à l’opposé du développement du New Public Management que nous dénonçons.
Dans un contexte difficile pour la Fonction publique et ses agents, confrontés au gel de la valeur du point d’indice et aux suppressions d’emplois dus à la politique d’austérité du gouvernement, et malgré les insuffisances des mesures « PPCR », la FSU a estimé que ce protocole constituait un point d’appui pour les carrières, les salaires et les retraites de tous les agents.
Malgré l’absence de majorité, le gouvernement a décidé de l’appliquer de façon unilatérale. Lorsqu’elle a rencontré la Ministre de la Fonction publique sur ce sujet, la FSU lui a fait part de son profond désaccord quant à la méthode employée par le gouvernement qui, en prenant une décision unilatérale d’application de ce texte, crée un précédent lourd de conséquences pour le dialogue social dans la Fonction publique.
Quoi qu’il en soit, la FSU sera particulièrement attentive et exigeante sur la tenue et la préparation du rendez-vous salarial prévu en février 2016, en continuant de revendiquer la fin du gel du point d’indice qui touche tous les agents de la Fonction publique, et dans toutes les discussions relatives à la mise en oeuvre des autres mesures « PPCR ».
La réforme du collège est une autre illustration de l’absence de dialogue social. Sur ce dossier, ce n’est pas à une faible majorité que la ministre s’oppose, mais aux organisations syndicales qui représentent 80 % des personnels. Et cette réforme est rejetée encore plus largement. Parents d’élèves, associations de spécialistes, enseignants… si tous ne partagent pas les mêmes motifs de rejet, tous sont déterminés à faire avorter cette réforme. Les multiples mobilisations l’ont montré, jusqu’à la manifestation nationale réussie du 10 octobre. Et malgré cela, le ministère fait le dos rond et prétend imposer de façon autoritaire une réforme qui de ce fait est d’ores et déjà vouée à l’échec.
Le plan de formation, de conformation ou de formatage faudrait-il dire, illustre parfaitement cet autoritarisme. Absence totale de concertation, calendrier délirant, omniprésence hiérarchique… tout est fait pour montrer aux personnels qu’ils doivent obtempérer le petit doigt sur la couture du pantalon. Où sont les beaux discours sur la liberté pédagogique ? Les enseignants revendiquent un rôle de concepteurs de leur métier et de leurs pratiques pédagogiques qui ne peut s’accommoder, ni de l’esprit de cette réforme ni des modalités envisagées pour sa mise en œuvre. Nous ne sommes pas dupes de ce que la ministre appelle l’autonomie des équipes, qui est en réalité l’autonomie des chefs d’établissement. Fausse autonomie où ce seront en réalité les contingences budgétaires qui dicteront des choix prétendument pédagogiques. Les chefs d’établissement eux-mêmes dénoncent cette hypocrisie. Celles et ceux du SNUPDEN-FSU du moins l’expriment clairement. Dans une telle situation où personne ne se fait plus d’illusions sur la possibilité pour cette réforme d’être mise
en oeuvre dans de bonnes conditions, la ministre s’honorerait à tirer les conséquences de ce constat et ses soutiens seraient bien avisés de l’appeler avec nous à la table des discussions.
Il y a urgence à redresser la barre car plus le temps passe et plus la préparation de la rentrée 2016 est mise en danger. Les calculs des dotations des établissements vont se faire dans le plus grand flou. Dans notre académie où la pression démographique est très forte sur les lycées, la marge trop faible ne permettra même pas d’arrondir les angles. Les conditions de travail ne s’amélioreront pas et les effectifs des classes resteront trop élevés.
Au-delà de la réforme proprement dite, la mise en œuvre des nouveaux programmes, eux aussi majoritairement contestés, en tout cas pour les cycles 3 et 4, laisse craindre le pire. Leur mise en oeuvre simultanée sur tous les niveaux est une folie. Cela va provoquer une surcharge de travail énorme pour tous les collègues, et pas uniquement pour cette année, car il va bien falloir, pendant les trois années suivantes, adapter ces programmes aux vrais élèves qui ne les auront pas connus les années précédentes.
Les CHSCT devront se saisir de ces questions et la FSU y sera particulièrement attentive. Nous continuerons à combattre cette réforme car elle n’apporte rien aux élèves, elle va aggraver les conditions de travail des personnels, elle va aider à supprimer des moyens et donc au final elle est néfaste pour tous, élèves comme personnels.
Dans notre région marquée fortement par le dualisme scolaire et les nombreux cadeaux faits à l’enseignement catholique, la FSU se félicite de l’aboutissement de 30 ans de combat laïque que constitue l’ouverture du lycée de Beaupréau. Nous le re-dirons au CAEN, nous sommes fiers d’avoir contribué par notre action, tant dans les mobilisations que dans les instances où nous siégeons, à ce que ce dossier ne soit pas enterré. Aujourd’hui, nous n’oublions pas qu’il reste une étape à franchir pour que l’accès au service public d’éducation soit pleinement réalisé sur ce territoire. L’ouverture d’un collège public à Beaupréau est une exigence aussi incontournable que pouvait l’être celle de l’ouverture d’un Lycée. Nous espérons pouvoir compter sur la détermination des services de l’État qui ont la responsabilité de faire valoir le
droit à l’accès pour tous au service public d’éducation. Et la FSU saura le rappeler et
participera aux mobilisations qui, nous n’en doutons pas, seront encore nécessaires pour faire avancer ce dossier.