Le 15 février 2018, suite à un préavis de grève déposé le 23 janvier, la FSU et ses syndicats concernés alertent sur la situation inquiétante du site de de La Roche sur Yon de l’ESPÉ.
à
Monsieur le Président de l’Université de Nantes
copie à
Madame l’IA-DASEN de la Vendée
Monsieur le Recteur de l’Académie de Nantes
Monsieur le Directeur de l’ESPÉ des Pays de la Loire
Monsieur le secrétaire du CHSCT central de l’Université de Nantes
Monsieur le secrétaire du CHSCT de l’Education Nationale de la Vendée
Objet : alerte concernant le site de de La Roche sur Yon de l’ESPÉ
Monsieur le Président,
Nous sommes contraints de vous alerter solennellement sur la situation de crise vécue par les personnels et les usagers du site de La Roche sur Yon de l’ESPÉ des Pays de la Loire, au travers de plusieurs éléments autour desquels les difficultés se cristallisent particulièrement à ce jour.
Depuis quelques années, les conditions de travail et d’études au sein du site de la Roche sur Yon ont soulevé de nombreux problèmes : effectifs insuffisants et trop grande polyvalence imposée aux enseignants, absence d’enseignant-chercheurs, définition des services non transparente, emplois du temps erratiques, communication interne au sein de l’ESPÉ et du site problématique au regard de règles professionnelles et déontologiques. La souffrance au travail s’est exprimée à de nombreuses reprises, des délégations syndicales auprès de la direction ont eu lieu. L’absence de mesures sérieuses pour redresser la situation a conduit à une situation délétère se traduisant par le repli sur soi, les incapacités de travail avec arrêt maladie en nombre, ou le durcissement des relations entre collègues. Le seuil de conflictualité atteint est actuellement alarmant. La responsabilité de la situation incombe à ceux qui assument la responsabilité des décisions ou absence de décisions conduisant à cet état des lieux et en aucun cas aux collègues qui les subissent.
La réunion organisée le 6 février 2018 pour la restitution de l’enquête administrative a été un moment particulièrement difficile pour les personnels sur place, vécue de façon humiliante et infantilisante. La souffrance qui en résulte est grande, nos collègues ayant unanimement la sensation que les difficultés rencontrées ont été globalement identifiées, mais renvoyées à la responsabilité de chacune et chacun, sans perspectives d’amélioration à court ou moyen termes. Les quelques personnels qui ont été auditionnés (sans que personne ne sache comment le choix de personnes a été opéré, et que d’autres auraient souhaité être reçus) ont le sentiment d’avoir été écoutés, sans avoir été entendus. Les vraies responsabilités sont passées sous silence.
Vous avez décidé d’engager une médiation entre les formateurs du site vendéen de l’ESPE. Sans rejeter par principe cette option, cette démarche nécessite l’engagement de tous les personnels concernés et le ciblage de moment dédiés sur le temps de travail. De l’avis de tous, des points de non-retour étant atteints au niveau des relations professionnelles, il est désormais prioritaire de s’atteler à la définition d’un cadre de travail collectif qui s’impose à toutes et tous, qui soit à la fois protecteur pour chaque agent, tout en garantissant un fonctionnement cohérent du site et des formations qui y sont dispensées. Un fonctionnement professionnel et respectueux des règles éthiques à tous les niveaux, en particulier en matière de gouvernance, doit être garanti à l’issue d’un état des lieux partagé.
Il convient d’ores et déjà d’assurer la continuité du service. Mais si une organisation interne locale peut parfois être trouvée pour des absences de courte durée (report de certains cours, remplacement de formateurs par des pairs volontaires), cette situation n’est plus tenable aujourd’hui, qui plus est dans le contexte de travail que vous connaissez. Nos collègues compensent déjà en permanence, et depuis des années, au travers d’un investissement professionnel et personnel bien supérieur au service qu’ils doivent. Il appartient désormais à l’autorité compétente de mettre en place une organisation permettant de garantir la formation due aux étudiants, notamment à l’approche des périodes de concours (pour les étudiants) et de titularisation (pour les fonctionnaires stagiaires). Aucune injonction ne sera acceptée en direction de personnels du site déjà épuisés professionnellement.
Les éléments évoqués précédemment génèrent des dysfonctionnements, source de nombreux questionnements légitimes de la part des étudiants, une communication auprès des usagers est indispensable, elle relève de la direction de l’ESPÉ. Ce n’est pas aux personnels sur place (formateurs, administratifs…) de leur apporter une réponse. Force est de constater qu’à ce jour, sans réponse, l’incompréhension laisse progressivement la place à un mécontentement. Nous vous demandons d’agir sans tarder, avant que cela prenne la forme d’une véritable protestation.
De façon plus globale, la situation vécue sur le site illustre les défaillances de gestion de la direction de l’ESPÉ, qui est restée trop souvent sourde aux alertes qui lui sont parvenues depuis plusieurs années maintenant. Nous vous rappelons que tout employeur a le devoir d’assurer la protection des agents sous son autorité. Le CHSCT, dont l’objet même est d’y veiller, doit voir son action et ses préconisations prises en compte.
Nous souhaitons que le site vendéen de l’ESPÉ, qui est indispensable en terme de maillage territorial des centres de formation des enseignants – les collectivités locales l’ont d’ailleurs affirmé en participant à l’investissement dans les nouveaux locaux – soit correctement géré et bénéficie des mesures lui permettant de rétablir la sérénité et la qualité des conditions de travail et d’étude au plus vite. Il est nécessaire aujourd’hui que l’université de Nantes apporte les moyens et les outils nécessaires à la reconstitution d’un cadre de travail satisfaisant au site de La Roche sur Yon de l’ESPÉ.
Dans l’attente de vos réponses, soyez assurés, Monsieur le Président, de notre plein engagement en faveur du service public et des conditions de travail de ses agents.